Alors que nous discutions avec Mahom Dub, nous avons pu rencontrer Jarring Effects pour écouter le nouvel album de Brain Damage. Martin Nahan est un dubmaker depuis 1999 et compte désormais 11 albums sous son nom de scène. Pour l’occasion, Brain Damage reprend les bases de « Walk the Walk » et construit « Talk the Talk » : De l’analogique au numérique, des sessions studio en performances live, Brain Damage est toujours en mouvement.
C’est important pour vous de différencier votre identité privée et votre nom de scène ?
C’est curieux, on choisi un nom pour un projet un jour, sans réelles perspectives, et pas loin de vingt ans plus tard, ça reste, c’est toujours là. Depuis quelques années, comme je mène le projet seul, je constate en effet que mon vrai nom apparaît de plus en plus. Ça ne change finalement pas grand-chose.
Comment vous est venue l’envie de partir en Jamaïque pour votre album « Walk the Walk » ?
J’avoue être depuis quelques temps de plus en plus sous l’influence de ce qui a pu être réalisé là-bas, notamment dans les années 1970-1980, ce qui était beaucoup moins le cas, lors de la confection des 10 premiers albums. Parallèlement, j’ai la chance de compter parmi mes amis Sam Clayton, lui même jamaïcain, qui m’a promis de m’ouvrir les portes du mythique Harry J studio à Kingston, et de faire en sorte que je puisse y travailler avec des artistes hors norme. Je n’ai donc pas hésité. Je n’ai pas été déçu.
D’où vous est venue l’idée de reprendre le contenu de l’album pour réaliser « Talk the Talk » ?
Je n’ai rien inventé, l’idée de décliner des versions dub de morceaux chantés n’est pas née d’hier. Mais je voulais réaliser l’ensemble du processus moi-même du début à la fin sur l’ensemble d’un album, ce qui n’a pas été réalisé si souvent en France. Composer, jouer, et enregistrer dix morceaux sur lesquels faire intervenir des chanteurs, (ici de classe mondiale, ce qui ne gâche rien), puis en faire les versions dub respectives, était un vieux rêve.
Vous enchaînez des featurings sur 2 morceaux, pourquoi ce choix ?
J’ai toujours eu la volonté de soigner la forme autant que le fond de chacun de mes projets d’album. Il y a toujours une logique. Ici les featurings vont par deux, ils étaient placés d’une autre manière sur la version originale « Walk the walk ». L’important était de ne pas faire deux fois de suite la même chose, pour continuer à différencier les deux versions.
Vos extraits d’interviews en fin de morceaux ça nous fait penser à Girogio by Moroder de Daft Punk, c’était important pour vous de replacer de la parole dans vos créations musicales ?
Je dois avoir une relation particulière avec le spoken word : j’y ai déjà consacré trois albums ! Pour avoir longtemps évolué dans le monde de la musique instrumentale, je me suis vite aperçu de son évidente symbiose avec la parole scandée, sous différentes formes, y compris, donc, celle d’extraits de conversations et d’interviews. Je suis revenu de Jamaïque avec de nombreux trésors et notamment ces enregistrements audio et vidéo que nous avons réalisés des cinq légendes présentes au studio, se confiant à Sam Clayton. De leur timbres de voix inimitables, ils évoquent chacun tour à tour des évènements poignants, mystiques, ou tout simplement drôles. Je ne pouvais pas laisser ça de côté ; une petite partie audio se trouve donc sur l’album dub, une autre, en vidéo, est compilée sous la forme d’un documentaire, disponible en ligne ou en DVD, au choix, grâce au travail du réalisateur Wasaru.
Comment définiriez-vous votre relation avec la maison de disque Jarring Effects ?
Je bénéficie de leur part d’une confiance artistique aveugle. Ils suivent mes différents projets depuis plus de 10 ans maintenant, quelles que soient leurs orientations, qui auront été, sont et ne seront pas toujours facile à défendre. Je leur en demande quand même toujours plus, et peste régulièrement sur le fait que l’on ait pas toujours les mêmes visions des choses, mais je dois surtout leur rendre honneur d’être toujours en activité eux-mêmes, alors que le travail de producteur relève du chemin de croix depuis quelques temps. Merci à eux, donc.
Quelle direction a pris le projet Brain Damage depuis 2011 ?
Depuis le départ, en 2011, de Raphaël Talis, le bassiste avec qui nous avons mené Brain Damage sur les 12 premières années, le projet a pris une forme plus polymorphe. J’en assure la base seul, le temps d’albums et de tournées, mais je travaille alternativement avec d’autres artistes, sous la forme de rencontres éphémères, comme ce fut le cas avec les français de High Tone, les anglais de Vibronics, et enfin les jamaïcains de « Walk the walk ». Certaines des ses rencontres se concrétisent en live comme en studio. Au niveau du style, j’avoue avoir volontairement quitté les atmosphères poisseuses des premières années. Ça reviendra peut-être, dans le sens où, comme je le dis toujours, Brain Damage est un projet en perpétuelle mutation…
Votre voyage en Jamaïque a-t-il changé votre rapport à la musique ?
Sans doute. Je ne prétends pas avoir compris tant de choses là-bas, je ne suis resté que très peu de temps, mais j’ai quand même ressenti et compris pas mal de trucs, je crois. Ceci dit, le plus difficile après une aventure pareille, est de savoir où on en est, essayer d’apprécier la valeur de ce qu’on fait, et s’influencer de certaines choses, mais sans se perdre. J’avoue y avoir laissé quelques plumes…
Vous nous préparez quelque chose pour les 20 ans de Brain Damage ?
Je ne suis pas trop porté sur les anniversaires et les célébrations me concernant, mais sait-on jamais.
Vos prochaines dates de tournée ?
Le jour de la sortie de « Talk the talk », j’ai eu confirmation de la part d’un artiste que j’admire, que nous ferions le prochain album ensemble… Le tour étant en pause pour trois mois, je suis donc déjà sur les premiers balbutiements de ce nouveau projet. Je ne reprendrai la route que début 2017. L’annonce de cette nouvelle tournée se fera dans les prochains jours sur le site brain-damage.fr.
Source : https://www.lofizine.com/2016/11/24/interview-brain-damage/
Engagé pour l’intérêt général depuis l’âge de 15 ans, j’interviens au fil des années dans le cadre de projets associatifs, d’événements culturels et de réseaux internationaux.
Sur le plan professionnel, j’ai exercé plusieurs activités à la sortie de Station F où j’ai travaillé sept mois en 2021, à l’occasion d’un Service Civique.
Sur le plan personnel, j’aime écrire, et je prévois de poursuivre !