Julien Barbagallo, albigeois d’origine,  est à la fois l’un des groupes australiens les plus en vue du moment, à savoir Tame Impala, et celui d’Aquaserge, « le groupe le plus pataphysiquement pop de France » selon une expression du Nouvel Obs. Quand il n’est pas derrière sa batterie, Julien Barbagallo écrit des chansons en français et sort des disques sur lesquels il joue de tous les instruments. Signé sur le label La Souterraine, il prend part avec succès à la nouvelle génération de la pop française depuis la sortie de son dernier album solo très réussi « Grand Chien ».  Arthur était pour nous à Rock-en-Seine et a discuté avec cet homme aux multiples talents. Rencontre. 

Friction : Bonjour Julien, qui es-tu ?

Je suis Julien Barbagallo, natif d’Alby dans le Tarn.

Eh beh ! 

Eh oui j’ai 37 ans et je suis à Rock en Seine.

Qu’est-ce que t’apporte ta carrière de Barbagallo par rapport à Tame Impala ?

Ce sont deux carrières complètement différentes d’abord par le rôle que j’y joue : Tame Impala je suis simplement batteur. Barbagallo je suis batteur et chanteur, je compose et j’enregistre. Donc c’est mon projet à 100% et j’y suis investi de manière égale mais disons que mon travail au sein des deux projets est relativement différent. J’ai peut-être un peu plus de responsabilités dans mon propre truc parce que je le porte un peu à bout de bras.

Tu as parlé de ton voyage en Australie dans les médias, en quoi a-t-il transformé ton approche de la musique ?

Ce n’est pas tant dans l’approche de la musique que dans la relation que je noue avec elle. Les Australiens ont un côté très relax à la façon qu’ils ont de former des groupes et d’en déformer très rapidement. Il n’y a pas le côte très cérébral en France avec la programmation du concert. Là-bas, tu rejoins un pote qui fait une Jam Session chez lui et tu fais ton concert.

Ce qui implique une technique en amont ?

Ce n’est pas tant une question de technique, il s’agit de savoir prendre des risques et de partager la musique qui n’est rien d’autre que de l’art gratuit qu’on partage ensemble. C’est très bien parfois de ne pas se poser de questions.

C’est vraiment l’Eldorado l’Australie ?
Ça dépend ce que tu recherches, si tu veux voir des écureuils il n’y en a pas. Ça dépend de ce que tu cherches dans la vie.

Quelle est l’origine du nom de ton album, « Grand Chien » ?
« Grand Chien » ça vient d’une expression littérale en anglais big dog. Un ami australien m’avait envoyé un message en le terminant par « grand chien« , en français. J’avais trouvé ça assez marrant. Je me suis dit tiens je vais en faire un album, et ça s’est fait. Je n’avais pas encore de chansons mais j’avais le titre.

 

 

Comment procèdes-tu pour atteindre cette originalité littéraire en français ?

Je me suis senti à force, malhonnête d’employer l’anglais au lieu du français. Simplement je trouve qu’il y a beaucoup de choses à faire encore en français et en musique […]. Et je trouve ça passionnant de faire partie de ce courant qui essaie d’explorer de nouveaux territoires d’une langue [dans laquelle on a déjà beaucoup puisé]. Je trouve qu’il y a encore beaucoup à faire et les citations de la Souterraine par exemple – avec des artistes complètement inconnus – le fil rouge c’est que ça chante en français et que le vivier est sans limites en France avec des choses très novatrices dans la manière dont ils usent le français. Je suis impatient de voir ma façon dont ça va se développer dans les médias car j’entends à la radio et je lis dans la presse écrite qu’il y a un changement là-dessus.

Tu trouves qu’il y a un retour d’une oralité littéraire spécifiquement francophone ?

Oui, je crois qu’on sort de la Sainte Trinité Gainsbourg-Brassens-Ferré pour citer ces trois-là. On pourrait citer d’autres trios : l’idée c’est qu’on sort de ce complexe des intouchables, à ne pas oser écrire parce qu’on ne s’appelle pas Victor Hugo. Non vraiment on est à l’aube d’un truc très intéressant et très neuf. On sort de la sclérose c’est bien ça fait plaisir.

Et ça te plairait de jouer à la Java ?

Oui, j’ai vu Matthieu Boogaerts là-bas.

Tu dis  d’ailleurs qu’il t’inspire…

Entre autres.

Il fait partie des artistes que tu fréquentes ?

Je ne le connais pas personnellement, je connais très bien sa discographie. Il fait partie des gens à côté de Bertrand Melun et Philippe Katerine.

Est-ce un milieu très alternatif ?

C’est là que les choses intéressantes se tentent et s’écrivent. Ils n’ont pas nécessairement pignon sur rue alors qu’ils le devraient, ils écrivent des chefs d’oeuvre. Tout ça pour dire qu’il fait partie des gens qui m’ont inspiré et incité à écrire en Français.

 

 

Il y a une dimension très reposante et légère dans tes compositions. Comment est-ce que tu construis cette mélodie hypnotique et envoûtante ?

J’imagine que ce n’est pas vraiment calculé. J’aime beaucoup vagabonder. J’aime quand mon esprit est nourri par du mystère. De quoi s’agit-il ? Que suis-je en train de lire ? J’aime être mis à l’épreuve intellectuellement et émotionnellement.

Quand moi-même je me mets dans la peau du créateur c’est peut-être vers ça que je tends plus naturellement avec quelque chose de non pas facile d’accès mais irréel amenant une 4e dimension.

Y-a-t-il des auteurs qui te touchent particulièrement aujourd’hui ?

Pascal Quignard que j’admire beaucoup, par sa manière d’écrire. Bertrand Melun que j’ai cité : je trouve toujours magnifique ce pouvoir presque plus fort sans la musique. Ce n’est pas pour rien qu’il écrit des bouquins, il a quelque chose de très puissant, c’est rock, c’est folk, ce n’est pas non plus la révolution et pourtant il y a quelque chose de tellement formidablement neuf dans la manière d’aborder la langue qu’il appartient au rang des artistes majeurs ecrivant en français.

Tu parles de la France. On oublie souvent que nous sommes plus de 800 millions francophones dans le monde. S’agit-il du public que tu souhaites viser ou est-ce que tu considères que ton texte va être plus proche des Français ?

Non. À Londres et Amsterdam je me suis rendu compte qu’il se passait quand même quelque chose. Oui j’écris en français pour être compris des francophones mais les mélodies n’ont pas de langue, elles sont comprises de tout le monde. Avec internet, il n’y a plus de limites aujourd’hui. Les groupes qui chantent en anglais sont capables de se produire dans tous les pays du monde. Pourquoi pas nous ? On pourrait être capables d’aller jouer en Amérique du Sud, de faire une tournée asiatique.

Julien Barbagallo sur Facebook, c’est par ici.

L’album « Grand Chien », c’est par .

Source : https://friction-magazine.fr/barbagallo-itw/

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