Dillon sortant son troisième album, nous nous sommes fait une joie de discuter ensemble de « Kind ». La jeune chanteuse de talent condense les atouts de ses deux premiers albums en y mettant plus d’énergie. La Berlinoise nous berce avec joie et amour, les maîtres mots pour tuer le temps. Un enchaînement calme et serein à savourer en toute tranquillité.

 

DILLON : LES DÉLICES CAPRICIEUX D’UNE ENFANT DE L’ELECTRO

L’INTERVIEW

Salut Dillon, comment ça va ?

Je suis fatiguée, je me suis levée aux aurores.

Nous sommes ici pour discuter à propos de votre troisième album : »Kind ». Quelle histoire voudriez-vous raconter dans la continuité de cette production ?

Depuis le premier jusqu’au troisième album j’ai toujours pensé que l’on avait autant de temps qu’on le voulait pour un premier album car personne ne l’attendait. Donc j’ai eu vingt-trois ans quand j’ai sorti mon premier album. Et ensuite j’ai pensé qu’après cela je partais en tournée pour deux ou trois semaines et que je reviendrais à mon studio pour travailler mon second album. Cela m’a pris deux ans d’être en mesure de revenir. Et j’ai décidé de revenir pour la seule raison que je commençais à devenir folle. Je me suis forcé à me réveiller chaque jour et à m’asseoir et écrire des chansons contre mon environnement, effrayée que je puisse ne pas survivre à la journée. C’était mon second album. Ensuite, j’étais si fatiguée et épuisée que la dernière chose à laquelle j’ai pensé était de faire un nouvel enregistrement. Je ne savais pas si j’allais en faire un autre. Donc pour le second, j’étais très fatiguée et alors j’ai publié l’album Live Record avec un quire dessus ce qui était bon car je n’étais plus seule à partir de ce moment-là. Ce n’était plus uniquement ma voix et mes mots, j’avais ces femmes avec moi tournant autour, ce qui m’a donné de la force et m’a laissé me calmer.

Et ensuite, d‘un jour à l’autre, je réalisais que j’étais déjà en train de travailler sur l’enregistrement du troisième album.

Vous sentez-vous plus à l’aise ?

Par rapport au précédent, absolument.

Et pour le suivant ?

Je ne sais pas, je ne suis pas une sorcière, je ne peux pas entrevoir le futur. J’en ai l’air mais ce n’est pas le cas.

L’année dernière, vous aviez fait votre « Live at Haus der Berliner Festpiele », comment est né ce projet ?

Je ne pense pas, une multitude d’artistes ont fait des enregistrements live. Je ne serais pas d’accord avec cet argument car quand j’ai décidé de faire un enregistrement live, je suis allé sur Google. Depeche Mode en a un très bon. De moins en moins d’artistes le font mais certains continuent à le faire.

 

A quels artistes des décennies précédentes pensiez-vous quand vous avez commencé à le faire ?

Je n’ai pas pensé à des artistes, j’ai réalisé qu’en cherchant sur internet, je me disais à moi-même combien c’était ridicule que je n’aie fait que deux albums et qu’ensuite je sorte un enregistrement live. Alors j’ai trouvé qui le fait ou qui l’a sorti. Je veux dire que je ne peux pas me plaindre de me demander ce qui est arrivé à ma carrière, je l’ai sorti et ensuite je suis partie en tournée. C’était très épuisant car dans chaque cité où j’enregistrais je jouais avec un différent quire et je voyageais par moi-même un jour en avance pour se rencontrer. Je ne les connaissais pas et ça demandait beaucoup de travail. Le dernier jour mon équipe entière est arrivée. C’était intéressant, je ne voudrais pas le refaire aujourd’hui, c’est trop de bavardages.

Y-a-t-il un lien avec The Cure pour la chanson « Lullaby » ?

Je suis la plus grande fan de The Cure. C’est trop personnel.

Vous parlez souvent de l’ombre au sujet de votre album, pourquoi celui-ci est-il éclairé ?

Il l’est car ce n’était pas trop effrayant pour moi de l’écrire. C’est ce que je voulais dire en écrivant « The Unknown » jour après jour parce que je n’ai pas une liste de choses à propos desquelles discuter.

Chaque jour je me lève, j’attends et je vois avec quoi je vais avoir affaire. C’était juste quelque chose de mauvais auquel je pensais. Avec cet album, c’était uniquement des chansons d’amour, des histoires d’amour et des berceuses. C’était plaisant de se réveiller et de trouver laquelle c’était : vraiment ? Je suis en train d’écrire une chanson d’amour à cette personne, c’est fun ! Ce n’est simplement pas allé dans l’effroi donc c’était très joyeux d’écrire cet album.

 

D’où vient votre foi en l’amour ?

La survie. Vous voyez, la vie on décide d’y croire ou de se suicider. j’ai décidé de ne pas me suicider.

Bon plan.

Yeah.

A quel instrument est-ce que vous attribueriez ce rôle d’éclairement ?

Ma voix, mon cœur. Je pourrais avoir décider de travailler avec des cuillères, des couteaux ou je ne sais pas. Cela pourrait avoir pris la stricte opposition en direction des instruments, il y aurait toujours de la lumière en moi. C’est parce que je le ressens ainsi. La direction musicale est une question de goût et de style : c’est une décision consciente que même si ça peut devenir effrayant, brûlant, froid, sexy, ou fun, je n’ai aucune influence là-dessus. Mon état d’esprit et ma voix, c’est ce que transmet mon état. Je ne joue d’aucun instrument.

Vous mentionnez trois types d’écoute dans la musique : la mélodie, les paroles et le ton, comment est-ce que vous reliez chaque part du travail ? Comment est-ce que vous faites pour créer dans votre album, une écoute en trois étapes ?

C’est juste arrivé, je n’y avais pas réfléchi, je l’ai fait. Parfois je le mets par terre, parfois je l’écris. Ensuite vient la mélodie. Je travaille toujours avec ce qui arrive. Cela commence toujours avec des mots, une mélodie ou un rythme. Et ensuite nous le prenons là et nous commençons à construire en se demandant avec quel son nous travaillerions. Avec qui est-ce que je veux travailler ? Personnellement, j’ai besoin d’eux au même titre. La manière dont je dis un mot possède un rythme. C’est dans The Present qui n’a rien d’autre qu’une voix. Il n’y a pas besoin de cela tout le temps.

C’est très différent de ce que l’on peut voir en musique, comme cette chanson A Capella. Ou bien en utilisant deux langues dans la même chanson.

Je n’étais pas sûre de si je voulais que cette chanson soit vocale une fois seulement ou bien de la travailler avec le piano. Je pensais que c’était la meilleure manière de faire cet album parce que je voulais le faire seule. En studio, je n’ai pas envie de parler aux producteurs, je peux le faire par moi-même. Ensuite j’ai compris que c’était trop ennuyant pour moi. Je devais jouer le piano et ensuite l’écouter. Quand je joue au piano, c’est excitant. J’ai décidé que ce ne serait pas un album de studio avec voix et piano. Je savais qu’à un moment dans la chanson j’aurais ce moment, parce que je ne voulais pas le mettre loin de moi.

Vous êtes catégorisée en électro, genre dans lequel il y a de plus en plus de paroles. Comment est-ce que vous ressentez de poser des paroles avec, et de ne pas être de la musique de club ?

Pour moi, ça n’a jamais été uniquement de la musique de club. J’adore la musique techno. Souvent, quand je cours le dimanche, donc quand je ne suis plus au club. Quand tu veux te faire baiser et que tu vas au club là tu vas trouver des personnes étranges qui commencent à chanter des chansons émotionnelles par-dessus. Cela fait un moment que les paroles sont dans la trance, la house, la acid music. C’est très étrange parfois mais je le respecte, si tu as quelque chose à dire, alors dis-le. J’aime complètement. Il y a aussi des paroles de merde, parfois elles sont vraiment terribles.

Quelle association feriez-vous entre la photographie et la musique ?

Personnellement, pas dans ma carrière mais à titre personnel ? C’est une conséquence, je n’ai jamais laissé tombé ni ne me suis dit « hey, dis donc, faisons-nous une carrière. » Je n’ai jamais cessé d’être honnête avec moi-même. Ça a toujours été plus rapide pour moi. Pour moi cela ne me rend pas plus heureux d’avoir une vraie photo que je pris ou une chanson ou un titre que je fis. C’est plutôt de savoir comment est-ce que j’y arrive le plus vite.

Pensez-vous qu’un artiste devrait travailler dans plusieurs disciplines pour être stable aujourd’hui ?

Je suis vraiment un mauvais exemple parce que je ne pratique pas, je n’écris pas, je ne chante pas, je fume, je ne dors pas beaucoup. Vraiment je suis mauvaise. Ma mère m’a toujours dit que je devrais me trouver un talent et l’exploiter. Je fais vraiment des choses simples comme s’occuper de mon linge, je suis une personne simple. Quel artiste je serais si j’étais une simple personne. Quand je crée de l’art, mon cerveau est toujours en train de travailler. Je ne veux pas l’utiliser.

Est-ce que vous voyez l’art comme un travail ou une activité ?

Tu sais, quand je marche, j’écris et alors je décide de marcher consciencieusement et puis de me focaliser sur ma respiration. Ici tu seras zen, si ce n’est pas le cas je travaille dans ma tête en permanence alors je ferais mieux de ne plus travailler du tout. Je veux uniquement faire des choses qui m’apportent du silence dans ma tête. Les gens sont là comme si j’étais une personne timide, dans ma tête c’est comme une partie.

Est-ce difficile à vivre d’entendre des voix ?

Une seule, je n’entends pas plusieurs voix, juste la mienne, je ne suis pas schizophrène, je n’ai pas plusieurs personnalités ce qui est aussi très bien. Même avec une seule voix ça peut être épuisant. C’est très dogmatique et timide selon le moment. Ça donne parfois des trucs très marrants.

Est-ce que vous considérez que vous représentez les femmes quand vous jouez de la musique ou quand vous faites un live ?

Je suis une femme, je fais de l’art, je ne mets pas un point d’emphase d’être une femme en train de créer de l’art. Je sais que de nombreuses femmes le font, pas moi. Je respecte des femmes mais je fais de même avec les hommes. Quiconque a une meilleure solution à ce sujet, je l’écoute et le supporte. J’ai toutes ces luttes à mener. Je suis fière de produire de la musique, donc c’est vraiment assez pour quelqu’un. Je dois juste être une femme. Mais sans pour autant être ignorante dans le sens où je m’en fiche. C’est juste mon environnement qui est composé de femmes, d’hommes, de gays, de straights, je veux juste être une femelle.

Qu’avez-vous ressenti durant le saut en parachute du clip Shades fade ?

J’avais très peur. En vérité je n’avais pas peur de monter dans le ciel, j’ai adoré être dans l’avion et lorsque mon corps a percuté, le keyword (j’étais à 800°) n’a pas aimé parce que je ne pouvais pas respirer. Le moment où je tombais, je pensais que j’allais avoir une attaque de panique. Je pensais que je pouvais cesser de respirer et alors je suis morte. J’ai commencé à respirer et alors je me suis sentie bien. Toute la peur partit et c’était la meilleure chose que j’avais vue. Je le ferais encore parce que tout était parti. C’était si silencieux là-haut, si calme, si apaisé.

 

Est-ce un acte de subversion de faire un album aujourd’hui ?

Pour la plupart des gens c’en est un. Il y a tant d’artistes qui font des déclarations politiques, des déclarations de genre. Avec cet enregistrement, je me documente simplement sur ce que je vais ressentir et pourquoi je suis encore en vie. Voilà pourquoi je fais de la musique. J’ai toujours pensé que ce n’était pas important avant que je ne réalise que les gens en avaient besoin et que cela aide beaucoup de monde. Voilà pourquoi je commence à faire un nouvel album quand tout le monde est en train de faire affaire. Je travaille vraiment avec une audience et alors les gens décident de faire avec quelqu’un d’autre.

L’album « Blind » est disponible sur l’ensemble des plateformes de téléchargement légal.

DILLON : LES DÉLICES CAPRICIEUX D’UNE ENFANT DE L’ELECTRO

TRACKLISTING :

01. Kind
02. Stem & Leaf
03. Shades Fade
04. Lullaby
05. Te Procuro
06. The Present
07. Regular Movements
08. Contact Us
09. Killing Time
10. 2. Kind

Pias Recordings Germany – Novembre 2017

Source : https://www.90bpm.com/magazine/interviews/2017/11/12/dillon-les-delices-capricieux-dune-enfant-de-lelectro/

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