L’Oreille de Dauphine est une association étudiante constituée d’une centaine de membres historiques et d’une trentaine de membres actifs. Une association présente depuis 18 ans qui a réussi à mettre en place une ambiance particulière et inattendue en plein cœur du 16e arrondissement de Paris : celle du Dub dans l’enceinte d’une fac. L’idée du festival Music to Rock The Nation naît simplement dans l’envie de faire venir des dreadeux dans Dauphine pour taper du pied ensemble sur une musique énergique et entraînante, en foule devant le mur de son. Le nom provient de l’album Revolution Dub de Lee Scratch Perry, très apprécié de la génération ayant lancé le festival. Cela dans l’objectif de faire venir des artistes qu’on ne verra pas ailleurs, et de faire entendre des musiques qu’on n’entendra pas ailleurs. Après 2 ans de négociations, le premier festival voit le jour en 1998. Peu à peu, l’Oreille développe deux autres festivals, une session Jazz au mois de novembre et une session Funk en début d’année.
La particularité du Music to Rock the Nation réside dans son organisation à but non lucratif : chaque édition connaît une nouvelle association bénéficiaire comme Rire Médecin récemment, Solidarité Enfance Sida l’an dernier et Aurore pour cette version 2016. Aurore s’évertue à mettre en place le projet de centre d’accueil des SDF à Boulogne-Billancourt, qui a quelque peu échauffé les retraités bien lotis de l’ouest parisien. La majeure partie des bénéfices du festival est reversée pour ce projet qui vise le soutien des gens en situation d’exclusion tels que les SDF, les chômeurs et les sans-papiers. Dorian, ancien membre du bureau de l’Oreille, nous précise que cette grosse association est peu connue par manque d’actions auprès du public : elle se concentre principalement sur la levée de fonds nécessaires à la tenue de ses projets. Ce gros festival de Dub rémunère les artistes ainsi que les intermittents du spectacle ou encore le service de sécurité selon des honoraires négociés.
« Ça reste avant tout un projet caritatif ! »
Tient à préciser Dorian.
Malgré la baisse des subventions, la 17e édition avait rassemblé 2200 festivaliers dont certains avaient dû être recalés par respect du maximum légal : les organisateurs comptaient sur un total de 1800 participants pour cette année. Il faut dire que l’état d’urgence complique les affaires de l’Oreille qui a l’habitude de prévoir ses dates 5 à 6 mois à l’avance : l’édition Jazz de la saison 2015-2016 qui succédait les attentats de novembre a été annulée.
Habile en négociation, l’association est parvenue à autoriser la Licence 2 de vente d’alcool, habituellement interdit dans tout événement de Dauphine : la bière Gallia, un petit producteur de la région parisienne. Avec le système des éco-cups et la présence de l’association Dauphine Durable, le festival s’engage dans une pratique responsable et bien-venante. Forte de son succès, l’association propose un festival de qualité à un prix imbattable (10 euros en prévente) pour 10 heures de musique avec des artistes de qualité.
Un peu de hip-hop avec Jazzy Bazz et ses punchlines criardes, et du Dub bien entendu avec Mahom, et surtout Brain Damage, le tout amplifié en dubstep par Vivek and Dego Ranking qui ont su raviver la foule et la faire taper du pied une dernière fois avec ferveur en clôture de soirée. On retiendra surtout la performance de Secret Vibes, dans une fusion de percussions, de flûtes et de didgeridoos selon le lyrisme de la trance. Appelé expressément pour son talent, le groupe a répondu présent pour poursuivre son enchaînement de festivals depuis 19 ans : après le Hadra Trance et le Boom Festival, les quatre musiciens et l’ingénieur son n’ont plus de réputation à tailler dans leur itinérance musicale : vous les retrouverez pour leur prochaine grande date lors du Urban Trance Festival du 3 au 4 juin qui se tiendra au Glaz’Art.
En plus de ces artistes talentueux, l’Oreille de Dauphine sélectionne les meilleures associations de sa fac.
Pour construire un festival de qualité où il est possible de déguster de jolis mets, entre burgers et hot-dogs. Juliette participe à la vente des fajitas du stand de Dauphine Discussion Débat qui compte une quarantaine d’actifs et invite des journalistes, des politiques et des entrepreneurs pour des conférences dans l’université.
Par ailleurs, Avenir Santé, association notamment financée par l’Île de France a été conviée pour informer et prévenir les festivaliers des risques liés à la consommation des drogues, d’alcool et de tabac, ainsi que les dangers que peuvent comporter les relations sexuelles. Nora fait le point sans un point de vue moralisateur : en service civique, elle avoue se sentir concernée du haut de sa toute jeune vingtaine dans la sensibilisation et non la moralisation.
Un jeu de questions, la distribution de flyers, de guides informatifs détaillés et de préservatifs sont les mots d’ordre de l’association qui repose la prise de conscience sur la transmission amicale et souriante.
Pour conserver des souvenirs de l’événement, l’Oreille collabore avec des professionnels de la photographie et du cinéma actuellement en formation :
« Ils viennent produire et mettre en pratique leur talent. On collabore avec tout ce qui est possible. Pour l’affiche du festival, on vote au sein de l’assoc parmi celles proposées et on en réalise 8000 exemplaires chaque année. »
Affirme Dorian avec un grand sourire.
Eux ne sont pas rémunérés, il faut garder à l’esprit qu’il s’agit d’un festival caritatif et que tout ce qui ne revient pas aux artistes finit dans la caisse d’Aurore pour cette année,
« En tout cas ça permet de faire connaître le graphiste ! »
Vous l’aurez compris, le Music to Rock the Nation est une perle rare dans les festivités parisiennes, qui propose un festival en journée pour les plus grands tapeurs du pied. Vous serez là l’an prochain, n’est-ce pas ?
Source : https://www.lofizine.com/2016/05/03/live-report-music-to-rock-the-nation-2016/
Engagé pour l’intérêt général depuis l’âge de 15 ans, j’interviens au fil des années dans le cadre de projets associatifs, d’événements culturels et de réseaux internationaux.
Sur le plan professionnel, j’ai exercé plusieurs activités à la sortie de Station F où j’ai travaillé sept mois en 2021, à l’occasion d’un Service Civique.
Sur le plan personnel, j’aime écrire, et je prévois de poursuivre !