A l’occasion de la sortie de son premier (excellent) album et de son passage à Rock en Seine, nous avons eu la chance de rencontrer Témé Tan pour qu’il nous en dise plus sur lui et sa musique. S’il joue bientôt près de chez vous, courez-y !
Bonjour Témé Tan, est-ce que tu pourrais nous présenter ton parcours de musicien ?
Témé Tan : Bonjour, tout d’abord j’ai grandi dans une famille qui écoutait beaucoup de musique donc je pense que ça démarre déjà là, et puis aux environs de mes 18 ans j’ai eu un premier groupe qui m’a engagé parce qu’il m’avait vu rapper et qu’il cherchait un chanteur. Puis j’ai commencé à chanter comme ça et je me suis mis à la guitare parce que j’adorais la musique brésilienne, la bosa nova, le tropicalisme. J’ai donc commencé à repiquer des choses et à déchiffrer des tablatures. Et puis très vite en fait j’ai commencé à composer mes trucs et à vouloir enregistrer moi-même mes démos. Il se trouve que ma mère m’avait offert un dictaphone pour enregistrer les cours à la fac et qu’avec ce dictaphone j’ai commencé à maquetter des choses. j’ai eu plusieurs groupes et à chaque fois ça tourne un peu à la même rengaine c’est-à-dire que j’étais toujours plus motivé que les musiciens qui faisaient ça par hobby : moi j’étais vraiment passionné. J’ai donc commencé à apprendre plusieurs instruments, la basse, les machines, les percussions, par une nécessité de pouvoir poser mes idées.
Est-ce que tu pourrais nous présenter ton instrument que nous avons sous les yeux, à l’aveugle ?
Témé Tan : C’est un petit sampler tout simple avec lequel tu loades tout ce que tu veux. Tu loades soit des samples qui vont tourner en boucle soit tourner en « one shot » c’est-à-dire que tu joues des notes et au lieu que ce soit un do qui sorte c’est peut-être un son likembé ou bien c’est un bruit d’une porte.
Tu travailles avec un DJ Looper…
Témé Tan : C’est-à-dire que je travaille avec un Looper électro Harmonics, qui permet de faire quatre pistes synchronisées ensembles avec la possibilité d’ajuster le volume de ces pistes. Ça c’est pour le studio, mais alors sur scène en tournée j’utilise Ableton.
Est-ce qu’il y a une différence pour toi sur scène lorsque tu joues en France, en Belgique ou au Congo ?
Témé Tan : Déjà jouer en Belgique, je vais prendre l’exemple de Bruxelles parce que c’est là où je vis, il y a tout de suite une grosse pression parce que tu joues devant les proches et toute l’organisation d’avant une date avec des proches qui veulent une place gratuite. En France c’est toujours l’inconnu parce que le pays est tellement grand et qu’en fait, même si je joue plus en France qu’en Belgique, par rapport à la superficie de la France j’ai finalement fait très peu ; donc c’est toujours très agréable de découvrir de nouveaux endroits en France à vrai dire. Et je pense qu’il y a un réel intérêt pour la musique chantée en français en France qui est incomparable par rapport à la Belgique. Et le Congo c’est encore autre chose parce que j’y ai appris à éclater le format des chansons, à faire des concerts pour animer une soirée et puis tu vas pouvoir rester plus longtemps sur un refrain parce que les gens le réclament et c’est un moment qui est plus dansable que d’autres dans la chanson donc on dit que tu vas pouvoir improviser.
On dit que c’est un pays très festif
Témé Tan : Pour moi c’est l’un des pays parmi les plus importants au niveau de la musique donc oui un pays vraiment amoureux de la musique et des musiciens.
Tu utilises un dialecte quand tu y chantes ?
Témé Tan : Non je place deux-trois mots en nin’gala. En fait je le parlais quand j’étais tout petit mais j’ai très vite effacé au profit du français donc dans mes chansons il y a parfois quelques expressions qui sont restées dans mon vocabulaire qui se retrouvent mais sinon je ne parle plus vraiment.
Toi qui traverses trois pays différents, est-ce que tu fais une distinction entre le français et le francophone ?
Témé Tan : Oui je pense, parce qu’on me fait souvent assez remarquer que je parle un français de Belgique, déjà. Et puis c’est vrai que par rapport au français au Congo, le Congo est toujours agrémenté de mots en ingala. Inversement les gens qui parlent ingala le saupoudrent de mots en français. Donc je pense qu’il y a une distinction entre le français de France et le français tout court
Est-ce que tu travailles sur ce thème-là quand tu écris tes textes ?
Témé Tan : Je pense que quand j’écris mes paroles j’écris dans mon français à moi qui a absorbé plusieurs langues parce qu’en Belgique je parle le flamand aussi qui influence ma manière d’écrire et de m’exprimer. Donc je pense que j’écris dans mon français à moi. Je ne pense pas que j’écrive en français.
Le premier titre de ton album est « Améthys », qu’est-ce que tu cherches à démontrer avec cette pierre précieuse ?
Témé Tan : Eh bien en fait c’est un morceau que j’ai écrit en hommage à ma mère et il se trouve qu’elle croyait en la propriété des cristaux et des pierres. La première pierre qu’elle m’a offert quand j’étais gamin c’était une améthyste et donc je lui avais donné ce surnom d’Améthyste et c’est comme ça que je la surnommais parce que j’avais cet attachement avec cette pierre-là qu’elle m’avait offerte parce qu’elle pensait qu’elle m’aiderait pour mes études et la méditation. Et il se trouve que j’ai découvert que c’était une pierre très proche des musiciens qui favorisait la création. Donc je trouvais ça marrant que là où elle m’a toujours demandé de boucler mes études avant tout, elle m’encourageait aussi dans la voie des artistes et des musiciens.
Comment est-ce que tu as vécu ton expérience à Rock en Seine ?
Témé Tan : Écoute c’était une expérience assez dingue parce que c’est un festival dont j’entends parler depuis tellement longtemps.
C’était un très beau Live, l’un des meilleurs du week-end j’ai trouvé. J’ai beaucoup aimé les jeunes talents dont tu faisais partie.
Témé Tan : On a échangé de scène avec Caballero parce qu’ils ont eu un problème sur la route donc j’appréhendais beaucoup parce que je jouais une heure plus tôt. Je sais qu’il y a pas mal de gens qui ont raté mon concert. En fait ça m’a permis de jouer devant un public qui ne serait peut-être pas forcément venu me voir et ensuite j’ai reçu énormément de messages de personnes qui m’avaient découvert grâce à cet accident chanceux. Et donc pour moi c’est un super souvenir, ne serait-ce que pour ça. Outre ce concert j’ai beaucoup aimé la rencontre avec ce nouveau public.
Est-ce qu’il y a des conseils que tu aimerais donner à de jeunes talents ?
Témé Tan : Je dirais, même si ça peut paraître un peu énorme, je pense que pour faire ce métier il faut être vraiment passionné et mordu donc je crois que je serais épuisé si je devais me diviser entre plusieurs métiers et plusieurs passions. Donc je sais qu’en tant que musicien on doit souvent avoir un autre boulot à côté pour pouvoir vivre et financer ta passion. Ce que je veux dire c’est que je crois qu’il faut être hyper concentré. Et je dirais aussi qu’à partir du moment où on commence à faire beaucoup de concerts, il faut presque avoir une hygiène de vie comme certains athlètes peuvent en avoir. Je pense que si tu chantes il y a un moment où tu te rends comptes que tes cordes vocales c’est comme un muscle, qu’il faut les échauffer et en prendre soin. Ça sonne hyper scolaire mais c’est quelque chose dont je me suis rendu compte ces dernières années.
Quelles sont tes règles principales pour ton hygiène de vie ?
Témé Tan : Alors déjà avant chaque concert je fais des vocalises et je n’y coupe pas. Et c’est vrai que ça sonne de nouveau hyper sérieux mais je sais qu’en tout cas pour moi l’alcool ne réussit pas trop pour mes cordes vocales donc j’essaye de l’éviter un maximum. Disons que si je bois de l’alcool je vais boire un très bon vin français ou une très bonne bière belge ou un très bon rhum martiniquais mais je vais sélectionner les moments où j’en bois.
Il existe déjà des jeunes musiciens avec lesquels tu aimerais travailler ou que tu aimerais mettre en avant ?
Témé Tan : Je ne sais pas si j’ai la place pour les mettre, moi, en avant. J’aime beaucoup le rappeur qui fait les backings de Roméo Elvis, il s’appelle Swing et fait partie d’un groupe qui s’appelle l’Or du commun. Il y a Maya Barou mais je ne peux pas dire que ce soit une jeune artiste, elle a déjà sorti un album donc c’est moi le jeune artiste par rapport à elle. J’aimais bien Agar Agar aussi, j’ai eu l’occasion de jouer avec eux. Je me considère tellement comme un jeune artiste que j’ai du mal à regarder les autres artistes et à les considérer comme tels.
Est-ce qu’il y a des lieux où tu aimerais jouer en particulier ?
Témé Tan : J’adore les très beaux théâtres avec des superbes décorations, des gradins en bois, j’aime assez bien ça même si je n’ai pas souvent l’occasion d’y jouer. Et j’aime bien les bâtiments à l’architecture des années 1980 qui font assez post-apocalyptiques et dont l’architecture est un peu « madmaxienne » et tu te demandes comment on a pu construire ça et que ces bâtiments tiennent le coup. Ça donne un mélange de kitsch et de pseudo-grandeur science-fiction passéiste, j’aime assez bien. Je dirais que des lieux où il y a une acoustique forte tels que des théâtres, des amphithéâtres, des églises, pour un chanteur c’est génial.
Merci pour cet échange Témé Tan.
Témé Tan : Merci à toi.
Source : https://www.pwfm.fr/a-la-rencontre-de-teme-tan-et-son-amethys/
Engagé pour l’intérêt général depuis l’âge de 15 ans, j’interviens au fil des années dans le cadre de projets associatifs, d’événements culturels et de réseaux internationaux.
Sur le plan professionnel, j’ai exercé plusieurs activités à la sortie de Station F où j’ai travaillé sept mois en 2021, à l’occasion d’un Service Civique.
Sur le plan personnel, j’aime écrire, et je prévois de poursuivre !