Scène éclairée par des tons rouges découvre trois acteurs, un garçon (Félix) – deux filles (Alice et Céline). Pendant dix- quinze secondes, les trois acteurs se déplacent dans la salle. Se croisent, se dévisagent tout en marchant de manière circulaire, s’approchant les uns des autres pour mieux s’observer. Le cercle se rétrécit de plus en plus, les acteurs sont presque en contact, ils ne se toucheront pas. Se dévoilent leurs prénoms. Noir.

Félix et Alice  sont sur scène, attendant d’entrer en cours. Une fille entre et finit par s’approcher.

La Fille : Vous savez ce qu’i(l) s’est passé avec Céline ?

Félix : C’est-à-dire ?

La Fille : Maxime trompe sa copine avec Céline depuis quelques mois. Un temps, Félix et Alice se détournent. Ça vous fait rien ?

Alice : On a rien à te répondre, c’est à eux de voir ça. Ça nous concerne pas, et ça te concerne pas non plus.

La Fille : Bah euh si un peu quand même je suis désolé mais

Félix : la coupe On veut même pas évoquer le sujet. Ça nous intéresse pas, encore moins avec toi la mégère. Allez salut.

Sonnerie. Noir.

Félix et Céline sur un banc. Céline commence à avoir froid.

Félix : Tu veux mes gants ?

Céline : Non ça va. T’as fait quoi aujourd’hui ?

Félix : J’ai vécu une situation plutôt absurde. J’allais rejoindre Maxence et toi devant le lycée, le premier mec que je vois avoir cours le dimanche quand même. Je me suis retrouvé en face de sa copine qui venait par surprise. Je pensais à partir quand je te vois arriver. Tu l’as pétrifiée en tout cas, elle a mis cinq minutes à s’en remettre. Au final, peut-être que c’est mieux que j’aie été là. Céline sourit timidement et baisse légèrement la tête. Tiens faut que je te rende ton biff au fait, je peux te le donner maintenant si tu veux. Oh ton mouchoir est tombé par terre.

Céline : le coupe Tu cherches vraiment quelque chose à dire.

Noir.

Félix assis à une table. Interphone. Céline entre et s’assied.

Céline : Félix j’ai pas compris ton message hier, je dormais et ce matin j’ai pas compris quand tu parlais d’avoir été indiscret.

Félix : Je me fais peut-être des fausses idées mais je croyais t’avoir gênée hier.

Céline : Explique ce que t’entends par fausses idées, je voudrais savoir où j’en suis avec cette histoire.

Félix : Que je me trompe peut-être en pensant t’avoir gênée quoi.

Céline : Ca m’étonne pas que tu saches en fait. Tu t’en étais douté ?

Félix : Oui ça me traversait l’esprit mais j’y réfléchissais pas parce que c’était pas mon business. Maintenant que ça court dans le lycée je t’avoue que j’en pense rien et que je juge pas non plus. Je crois qu’il n’y a rien à juger ou à en penser.

Céline : Je dois dire que ça m’enlève un poids. Je me doutais que t’avais appris. J’ai hésité à vous en parler à toi et Alice. Elle le sait ? Qui est au courant ?

Félix : Oui, c’est elle qui m’en a parlé la première. Elle arrive d’ailleurs. Trop de monde, trop de monde. Dis-toi des gens de la classe sont venus nous en parler. Ils aiment ça en plus, avoir des morceaux de vie croustillants à se mettre sous la dent. Ces mégères avant l’heure qui vivent qu’en étant alarmé du comportement de leur voisin.

Interphone. Alice entre

Alice : J’ai beau les monter tous les jours, tes six étages me coupent le souffle à chaque fois !

Félix : Bah ! C’est parce que tu fumes trop ça !

Rires, bises, Alice s’assied. Un temps.

Céline : Merci à vous. Votre regard sur moi n’a pas changé. Je me demandais ce que vous en penseriez c’est pour ça que j’hésitais à vous en parler. Ce qui me surprend plus c’est que ça soit remonté à d’autres personnes.

Alice : Ils sont envieux donc ils deviennent rivaux. Ils acceptent pas que tu aies fait ce que tu as fait parce qu’ils le désapprouvent. J’ai l’impression que c’est presque par jalousie.

Céline : Par jalousie ?

Alice : Oui. Ce sont des filles qui sont vénères surtout. Parce que tu possèdes ce qui les effraie. La liberté. Eux s’efforcent de se caser dans les normes sociales parce qu’ils ont peur de la vie. Ils sont jaloux de voir que le mode de vie dont ils rêvent, tu réussis à le pratiquer avec ou sans remords. Et cette jalousie, elle les pousse à tenter de détruire tes relations. J’ai appris qu’ils parlaient pas mal de notre amitié à tous les trois. Ils sont deg de nous voir aussi liés, et comme ils peuvent pas faire pareil dans cette classe, ils se soulagent en voulant te faire du mal.

Félix : Heureusement que tu nous en as pas parlé. Maintenant on sait qu’on est pas là pour se juger, on est là pour apprécier l’instant passé ensemble.

Céline : souriante  Le temps passé à parler, sortir, traîner, fumer, voir des expos, des films ?

Félix : Exactement.

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