Le mois dernier nous sommes allés à la rencontre de Le Monkey, artiste atypique originaire de Grenoble. En tournée aux États-Unis et dans les studios de Red Light Radio à Amsterdam en ce début de semaine, Guillaume progresse minutieusement dans un univers bien loin des artistes classiques.

Comment en êtes-vous venus à composer ?
Je compose depuis déjà 6 ans, au début j’étais plus orienté vers le mix, car je me sentais bien plus dj que producteur. Et c’est presque par hasard que j’ai eu un déclic. Quand j’ai commencé à produire, j’avais pour projet de faire de la house.

La question doit régulièrement vous être posée, cependant nous avions envie de commencer par-là : pourquoi avez-vous choisi un costume de chimpanzé ?
C’est une bonne question, à vrai dire je pense que j’ai choisi le costume de chimpanzé en premier lieu parce que mes productions ont une grande influence tribale. Le singe, plus particulièrement le chimpanzé correspondait selon moi à la musique que je voulais faire. J’aimerai par la suite réaliser un court métrage qui mettra en scène mon costume.

Sur votre LP « Substance Matinale », c’est une tête de babouin, quelle est la différence à observer avec le chimpanzé ?
Le babouin à la différence du chimpanzé est un singe plus solitaire. Dans Substance Matinale, le personnage du babouin est plus imposant qui réalise son trip-rêve dans l’espace avec le grand méchant de l’histoire.

Qui est le graphiste derrière vos visuels ?
Une partie de mes visuels est prise en charge par mon équipe de promotion et réalise les publications. Généralement je m’occupe de contacter les artistes en fonction de mes idées, dans le cas de la pochette de « Substance Matinale », c’est Alex Slater de LAMP qui s’est occupé de réaliser ce visuel. Pour les autres créations, mon ami G-Mini Brémond se charge de travailler mes autres identités.

Le teaser « Framboise«  est assez envoûtant, qui l’a réalisé ?
Pour ce teaser, c’est mon ami David Faure qui s’en est chargé car il est très compétent dans ce domaine. Nous souhaitions travailler sur de l’animation tout en donnant un aspect vieilli à une partie de l’image.

Quant aux vidéos où vous jouez, on vous voit parfois en studio, est-ce votre lieu d’intimité ?
Oui, le studio est mon lieu d’intimité, pour autant, les premières vidéos où je me suis filmé se déroulaient dans ma chambre. Par la suite, j’ai essayé de diversifier les lieux, mais également de varier les formes de vidéo pour montrer mon évolution de façon imagée.La dernière vidéo que vous avez publiée vous présente en pleine nature. C’est important pour vous ?
Oui la nature est fondamentale pour moi, et probablement qu’avec le temps elle occupera une place toujours plus importante. Les vidéos en intérieur étaient montées en une journée à la lumière du soleil, alors que mes dates de tournée sont programmées sur la période hivernale. Un contraste s’opère entre les paysages ensoleillés d’une part et l’atmosphère givrée d’autre part. Cela implique un mouvement et une alternance entre ces deux notions d’intérieur et d’extérieur.

Comment imaginez-vous les titres de vos compositions ?
C’est au moment de la composition que j’imagine le titre de mes morceaux. Des idées me viennent, et il y a toujours un moment où le titre finit par éclore.

Comment avez-vous construit votre LP « Substance Matinale »
Le LP « Substance Matinale » a été produit en une dizaine de jours grâce à une grande source d’inspiration. J’avais une histoire à raconter, que j’ai découpée en morceaux et qui s’est construite avec un début envoûtant jusqu’à une chute finale. Cet LP s’est construit presque par automatisme, c’est la raison pour laquelle je ne peux pas parler de schéma prédéfini en ce qui me concerne.

Le titre Substance Matinale est assez intriguant comme l’ensemble des titres de vos morceaux !
Le titre « Substance Matinale » raconte pour moi ces petites anecdotes que l’on vit en soirée et qui se prolongent ou se terminent en after. Je voulais un titre idéal à écouter dans ces moments amicaux, j’ai composé ce morceau sans savoir quel serait le résultat, le nom du LP est né de cette manière. Avant j’avais tendance à sélectionner ce que j’allais bien pouvoir faire et diffuser, ni plus ni moins que de la musique cool et distrayante.

Le masque de Le Monkey

Vous résidez à Grenoble, ville assez réputée pour ses animations étudiantes, est-ce que cela vous a aidé à vous lancer musicalement ?

Alors, il y a plusieurs collectifs qui participent au mouvement techno mais il y a peu de lieux pour les soirées de ce style et surtout le public étudiant est difficile. C’est une ville attirante et très jolie, mais il y a très peu d’endroits où les artistes peuvent se rencontrer, échanger, etc. Danser sur de la techno à Grenoble deviens de plus en plus difficile.

Quelles distinctions feriez-vous entre vos créations en studio et vos mixages en live ?
Un live demande beaucoup de préparation en amont mais la difficulté réside en notre capacité a ressentir le public de façon à adapter notre musique en live pour un ressenti à un instant t. De passer à de la musique « punchy » à de la musique plus intense.  L’objectif du live est de faire voyager le public. Cela me laisse plus de place pour improviser.

Vous utilisez un controller, un synthétiseur et des logiciels, à l’avenir vous imaginez collaborer ?
C’est un projet en cours de réflexion, pour autant il y a quelque temps avec un autre artiste nous avions travaillé ensemble sur une ébauche. Pour ma part, je compte enrichir mon espace de composition avec d’autres instruments. J’aimerai me dépasser, aller plus loin dans mes créations.

Comment vous est venue l’idée de mélanger ces instruments ? Quel est votre processus de création ?
Pour être franc, généralement je commence par l’esprit du titre. En m’inspirant au maximum, je travaille la basse puis les samples et la partie rythmique. Après je vais travailler tout ce qui est relatif au sample.

Vous variez les mélodies, les fréquences, les allures, les types d’instruments et les intensités sonores, d’où vous vient cette envie de vous diversifier ?
La diversification dans ma musique est fondamentale pour faire évoluer mon projet. Je suis toujours dans un objectif d’extension parce que aujourd’hui, la musique est en constante évolution et ce travail de diversification me permet de travailler le fond. L’artiste et le producteur se doivent de persévérer la recherche tout en gardant leur origine et leur empreinte pour évoluer.

Slap Slap Le Monkey

Cela ne fait que quelques mois que vous publiez des titres, et vous voilà déjà en train de tournée aux États-Unis. Comment l’expliquez-vous ?
Pour tout vous dire, je n’ai pas vraiment de réponse à cette question. Je me dis que ma musique parle. Je ne saurais exprimer quelles sont les raisons de ce succès, qui m’amènent aujourd’hui à me produire aux États-Unis, mais je ne vous cache pas avoir eu de la chance. C’est une expérience unique.

On dit souvent que le singe a beaucoup à apprendre aux savants, cela vous fait-il réagir ?
Pour moi, le savant est toujours sûr de lui, et dans la réflexion, tandis que ne le singe est dans une dynamique d’action, il court, agit et réussit.

Vous créez au jour le jour ?
Je travaille tous les jours mais mes inspirations viennent par période.

Est-ce que vous imaginez insérer des textes dans vos musiques ?
Insérer des textes dans mes musiques fait partie de mes projets, mais il faudrait que ces lyrismes collent avec la vision de la musique que j’ai.

Vous prévoyez un format vinyle ?
En ce moment le LP « Substance Matinale » est disponible en format CD. Concernant le vinyle, j’aimerais bien proposer ce format à mon public mais je doute que mes sonorités s’adaptent à l’univers du vinyle.

Votre avenir ?
Mon EP sortira fin mars cependant j’aimerais pouvoir finir mon album avant la fin de l’été. À l’avenir, j’envisage de réaliser un projet avec une connaissance. Sans oublier que je vais partir à la rencontre de mon public américain

Source : https://www.lofizine.com/2017/03/30/interview-le-monkey/

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